Révision à la hausse des prévisions pétrolières: l’AIE entre optimisme modéré et transformation énergétique

Une révision optimiste face à un contexte économique en amélioration

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a récemment actualisé ses prévisions concernant la demande mondiale de pétrole pour les années 2025 et 2026. Un vent d’optimisme modéré souffle sur le marché, soutenu par deux facteurs principaux : une détente inattendue des tensions commerciales initiées par Washington et une baisse significative des prix du pétrole brut, entraînant une réduction des coûts à la pompe pour les consommateurs.

Concrètement, l’AIE projette désormais une croissance moyenne annuelle de la demande de 740 000 barils par jour (b/j) en 2025, contre 730 000 b/j annoncés dans son rapport précédent. Pour 2026, l’ajustement est encore plus marqué, avec une prévision revue à 760 000 b/j, comparée aux 690 000 b/j initialement estimés. Cette révision à la hausse s’explique notamment par une vision moins pessimiste de l’impact des droits de douane américains sur l’économie mondiale. L’agence prévoit maintenant une croissance du PIB mondial de 2,8% pour chacune des deux prochaines années, soit une augmentation de 0,3 point de pourcentage par rapport à ses estimations d’avril.

Un ralentissement structurel malgré le rebond temporaire

En dépit de ces ajustements positifs, l’AIE reste prudente et maintient sa prédiction d’un ralentissement notable de la croissance de la demande pétrolière au cours de l’année 2025. Si le premier trimestre s’annonce dynamique avec une hausse prévue de 990 000 b/j, ce rythme devrait significativement ralentir pour s’établir à 650 000 b/j durant le reste de l’année.

Deux facteurs majeurs expliquent cette tendance à la modération : d’une part, les défis persistants qui pèsent sur l’économie mondiale et, d’autre part, la progression remarquable des ventes de véhicules électriques, qui réduisent progressivement mais sûrement la consommation de carburants traditionnels.

L’AIE souligne également que la forte croissance observée au premier trimestre résulte en partie d’un effet de base favorable. L’hiver 2024 ayant été particulièrement doux, la consommation de combustibles de chauffage avait été relativement faible, créant ainsi une base de comparaison moins élevée pour le début 2025. Selon les projections, la demande totale de pétrole devrait atteindre 103,9 millions de barils par jour en 2025.

L’effet paradoxal de la baisse des prix

Un aspect particulièrement intéressant relevé par l’AIE concerne l’impact de la baisse des prix du pétrole sur les comportements de consommation. L’agence observe que les prix de l’essence et du gazole ont diminué dans de nombreux pays, atteignant leurs niveaux les plus bas depuis plusieurs années, une tendance qui pourrait même s’accentuer prochainement.

Cette diminution des coûts à la pompe pourrait paradoxalement stimuler la demande, encourageant davantage l’utilisation des véhicules à moteur thermique, et ce malgré l’essor des véhicules électriques. Un phénomène qui illustre la complexité des transitions énergétiques et la sensibilité des comportements aux signaux de prix.

Toutefois, l’AIE tempère cette perspective en soulignant la persistance d’une « incertitude politique élevée », susceptible de continuer à affecter le moral des consommateurs et des entreprises, limitant ainsi l’effet potentiellement stimulant de la baisse des prix.

Le marché pétrolier reste par ailleurs soumis à d’importantes fluctuations. Il a récemment été ébranlé par l’annonce d’une augmentation substantielle de la production par huit pays membres de l’OPEP+, provoquant initialement une baisse des cours, avant un léger rebond favorisé par une accalmie dans les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis.

La volatilité demeure néanmoins une caractéristique fondamentale de ce marché, comme l’illustre la réaction immédiate des prix du brut à l’annonce récente par le président américain Donald Trump d’un possible rapprochement avec l’Iran concernant le dossier nucléaire. Cette nouvelle a provoqué une chute rapide des cours, démontrant une fois de plus l’extrême sensibilité du marché pétrolier aux développements géopolitiques.